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EVERYTHING THAT HAPPENS WILL HAPPEN TODAY - PRESS
canoe.ca

Dépasser le passé
By Philippe Rezzonico, Canoe (Montreal), 30 October 2008 [Link]

DB
© PHOTO LE JOURNAL

David Byrne revient à Montréal après quatre ans d'absence pour présenter les fruits de sa nouvelle collaboration avec Brian Eno, Everything That Happens Will Happen Today, un album qui cerne parfaitement cet artiste qui conjugue uniquement à l'instant présent.

Auteur-compositeur et interprète, cinéaste, animateur et photographe, l'exleader des Talking Heads est un touche-à-tout notoire.

Loin de vivre sur les solides bases de son passé, il tente au contraire de les renouveler et de les dépasser.

À preuve, la création de son nouveau disque avec un collaborateur de longue date, Brian Eno, qui avait réalisé, composé ou joué sur un trio d'albums des Talking Heads (More Songs About Buildings and Food, Fear of Music, Remain in Light) en plus de créer à quatre mains l'album My Life in the Bush of Ghosts, en 1981.

Pour l'occasion, Byrne et Eno n'ont guère respecté les codes d'antan. Peut-être parce qu'Eno a proposé une collaboration que Byrne n'attendait pas et que plus d'un quart de siècle s'était écoulé depuis leurs derniers opus.

«Nous n'avions planifié ni à court ni à long terme. Brian avait des musiques sous la main qui ressemblaient à des mixes un peu crus. Il m'a demandé si ça pouvait m'intéresser d'y mettre des paroles. J'ai dit oui, et il m'a envoyé ça par Internet, ce qu'on ne faisait pas il y a 30 ans», déballe Byrne tout d'un trait au cours d'un entretien téléphonique.

CONTINUITÉ

Certains fans du passé de Byrne estimeront peut-être qu'Everything That Will Happens Will Happen Today, avec ses bases qui tiennent du folk, de l'électro et du gospel, est un prolongement logique de l'explosion de funk et d'afrobeat de Remain in Light. Byrne y a surtout vu l'occasion d'explorer de nouveaux territoires sonores.

«Au plan du processus créatif, nous sommes moins protecteurs de nos terrains de jeu que naguère, même si nous sommes restés pas mal dans nos chasses gardées: lui pour la musique, moi pour le texte. Par contre, j'ai poussé assez loin le concept de faire un contrepoids entre la musique et le texte. Sur ce plan, l'un des défis les plus intéressants pour moi était de donner vie à quelque chose de non verbal.»

Ceux qui ont entendu les nouvelles compostions disponibles exclusivement par l'entremise du site Web de Byrne réalisent que les musiques sont parfois plus joyeuses et lumineuses que les textes, qui ont tendance à être sombres, comme One Fine Day, qui cause du Darfour.

LES TÊTES ATTENDRONT

S'il refuse d'emblée l'idée de renouer avec ses collègues des Talking Heads, David Byrne aimerait bien diffuser des inédits de son ancien groupe, mais il ne le peut pas.

«Il n'y aura pas de réunion des Talking Heads, même si les retrouvailles représentent un concept très à la mode ces temps-ci. Je suis totalement contre cette idée», note Byrne.

Même Led Zeppelin a cédé à la tentation, ne fût-ce que pour un soir. Pourquoi pas vous?

«Parce que c'est un concept qui est passablement lié à la nostalgie et qui a beaucoup à voir avec l'intention purement mercantile de faire du fric.»

Byrne note que s'il tient ce discours, c'est ni en raison de relations acrimonieuses avec ses ex-collègues ni en raison du poids du passé.

«Je n'ai tout simplement pas l'impression que l'on peut refaire le passé. Aujourd'hui, quand j'écoute d'anciennes chansons, je me dis: Mon Dieu, j'ai écrit ça? Et j'ajoute: Je ne pourrais jamais écrire ça aujourd'hui. Mais ce n'est pas pour renier le passé.»

«Il y a d'autres chansons du catalogue que je trouve excellentes. D'ailleurs, il y a toujours des chansons des Talking Heads dans mes spectacles. Si vous vous demandez quelle période j'aime le mieux, il suffit de noter celles que j'interprète (rires).»

Et cette rumeur quant à des inédites des Talking Heads?

«Ce n'est pas une rumeur. J'ai une quantité de matériel inédit des Talking Heads sous la main que j'aimerais diffuser, mais je ne peux pas.»

Et pourquoi donc?

«Parce qu'on n'arrive pas à s'entendre avec Warner.»

Et vous ne pouvez pas le diffuser via votre site Web, parce que c'est la compagnie qui détient les droits de cette période du catalogue du groupe?

«Exact.»

Dans le contexte actuel de la crise du disque, c'est complètement débile.

«En effet, mais les compagnies de disques ressemblent aujourd'hui à des poulets à qui on a coupé la tête.»