Hoe Music Works
Love This Giant
Here Lies Love
News, Press & Bios
Tours
Journal
Radio
Music
Art & Books
Film & Theater
Sound & Video
Stuff to Buy
Links & Info
Search

EVERYTHING THAT HAPPENS WILL HAPPEN TODAY - PRESS


Le Figaro


David Byrne, toujours à contre-courant
Olivier Nuc, Le Figaro, 24 March 2009 [Link]

Voilà un type qui mène depuis plus de trente ans une carrière d'une richesse et d'une inventivité constantes. Surgi de New York à la fin des années 1970 en pleine explosion punk, David Byrne a accompagné brillamment, souvent avec une longueur d'avance, l'évolution des musiques populaires.

Il sera demain, à l'Olympia, avec un spectacle inédit. «Sur cette tournée, j'ai décidé d'employer plus de chanteurs et de danseurs que d'ordinaire» explique-t-il, «afin de reproduire les harmonies vocales présentes sur le disque.» L'album en question, Everything That Happens Will Happen Today, n'est pas simplement le nouveau David Byrne. C'est le premier disque à porter la double signature Byrne-Eno depuis My Life in the Bush of Ghosts de 1981, dont il constitue l'antithèse en tous points. Simple et direct, ce dernier-né ne court pas après l'avant-garde échevelée de son prédécesseur, qui préfigura la vogue du sampling.

«Brian (Eno, NDLR) avait ces morceaux assez folk qu'il m'a envoyés afin que j'y greffe des mélodies et des paroles.» De cet exercice original est né un disque atypique, sur lequel l'ancien porte-parole des Talking Heads donne chair aux textures instrumentales tissées par l'Anglais, architecte hors norme des disques de U2 ou Coldplay. «C'est la première fois que nous avons travaillé ensemble en vingt-sept ans. Je me suis beaucoup amusé à poser mes éléments sur les accords très simples que m'envoyait Brian. Aucune des chansons n'a une structure classique type couplet/refrain», explique l'Américain.

Il y a bien longtemps que David Byrne a rompu les amarres avec le tout-venant du rock américain. Dès son troisième album, Fear of Music, en 1979, son groupe Talking Heads s'aventurait du côté d'une pop anguleuse et futuriste concoctée à l'aide du sorcier Brian Eno. L'année suivante, Remain in Light enfonçait le clou, à coup de rythmiques asymétriques, d'inflexions africaines et de textes surréalistes. Pas étonnant si, aujourd'hui encore, ces disques sont cités en référence par de nombreux groupes (Radiohead, Franz Ferdinand…). Même s'il ne se considère pas nécessairement comme leur père à tous, David Byrne est très au fait des jeunes artistes. En ce moment, TV on the Radio, Santogold, The Bird and the Bee ou la Française Camille ont sa préférence.

David Byrne a été un des plus grands promoteurs de musiques du monde à travers le label Luaka Bop, qu'il a fondé et dont il a quitté la direction tout récemment. «Je me suis aperçu que je n'étais pas un bon homme d'affaires et aussi que le temps me manquait pour m'occuper du label comme il le faudrait.» Néanmoins, la marque continue, avec des sorties de disques régulières.

Le nouveau passe-temps de David Byrne, qui l'obsède depuis bientôt quinze ans, est le vélo. Bien avant l'irruption du Vélib' à Paris, on pouvait voir David Byrne, crinière blanche au vent, dévaler les rues de Manhattan sur sa bicyclette. Aujourd'hui, il ne part pas en tournée sans son précieux engin, auquel il va bientôt consacrer un ouvrage. David Byrne sera toujours à contre-courant.